LE SITE DE CHASTEL-MARLHAC


Pourquoi Chastel ? Aspect pittoresque Période gallo-romaine Le siège de Chastel
le Monastère, l’église Légende de la grotte Légende des Fées Légende du trésor


LE SITE DE CHASTEL-MARLHAC

Mais que vient faire Chastel et son rocher dans "Notre passé” ! Il ne fait pas partie de la commune, me direz-vous ! Et bien si ! La preuve en est que la Direction de l'Architecture et de l'Urbanisme du Ministère de Environnement a considéré que l'ensemble formé sur les communes du Monteil et de Vebret (Cantal) par le site de Chastel-Marlhac devait être préservé. Il en est suivi l'arrêté :
"Est inscrit à l'inventaire des Monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque du département du Cantal, l'ensemble formé sur les communes de Le Monteil et de Vebret par le site de Chastel-Marlhac et délimité comme ci dessous". Les services du cadastre donnent comme limite entre les communes de Vebret et du Monteil le haut du rocher.

Son aspect pittoresque

Nous avons tous les jours devant nos yeux cette masse basaltique qui surplombe les villages de Serres et de la Salvinie. Elle a été toujours là, on n'y fait même plus attention et pourtant quel site merveilleux !
Pour monter au rocher, les plus téméraires peuvent escalader par le "Trou de l'échelle", les bons marcheurs, par la Monthélie et la Robertie (ce chemin est une ancienne voie romaine, on pouvait y voir avant le goudronnage, des dalles caractéristiques de ces réalisations) et les moins courageux par Saignes, en voiture. Arrivé au sommet, c'est un enchantement. A vos pieds, la Vallée de la Sumène avec la continuité des maisons que constitue Vebret-Couchal-les Lempradets et Montpigot (voir photo de la couverture du bulletin n°12 de janvier 95). Sur votre droite les gorges du Violon, la Monselie, Antignac, au loin les monts du Cantal. En face de vous, le Cézallier et l'Artense jusqu'au Massif du Sancy, bien sûr, les Orgues de Bort, et à perte de vue le plateau granitique du Limousin. C'est un spectacle magnifique qui vaut bien celui des sites que certains vont chercher très loin à l'étranger.
Et si vous avez la chance de faire cette excursion par un beau soleil d'automne, redescendez par la Robertie, les feuillages de la forêt sont de toute beauté.

Sur le plan historique

La période gallo-romaine 
Certains n'ont pas hésité à qualifier ce site de "Haut lieu de France", il a porté les noms de Castrum MéroliacumMéroliacenseMarlhaci et Chastel-Marlhac.
Ce promontoire était idéal pour y établir une place forte facile à défendre. Les Romains s'y installèrent, de nombreux vestiges subsistent. En 1845, un cultivateur, en faisant des fouilles trouva un mur en pierres taillées au pied duquel étaient enfouies beaucoup de poteries romaines, des pièces à effigies romaines et des débris de briques. Deribier y a trouvé au "Murat", une tombe en dalles de basalte. Mais incontestablement, la découverte la plus importante fut celle de "la Statue de Chastel-Marlhac", actuellement conservée au Musée des antiquités nationales de Saint- Germain- en-Laye. Cette statue a été découverte en 1892 par un propriétaire de Jalaniac. Comment est-elle arrivée dans une ferme de Riom-ès-Montagnes, où elle fut retrouvée en 1899 ? Le fragment de cette statue mesure 1,53 m de haut, il a été daté du IV° siècle et semble avoir été fait avec de la pierre de Menet. Ce serait une statue funéraire, une stèle représentant le défunt, peut-être un haut fonctionnaire ou un magistrat. Certains émettent l'hypothèse que Jalaniac aurait été le lieu de sépulture des gallo-romains installés à Chastel. Cette statue a été découverte renversée de son piédestal et mutilée. De là à penser que ce sont les Francs de Thierry qui lors du siège de la forteresse de Chastel ravagèrent tout dans la région !

Le siège de Chastel.

Grégoire de Tours, né à Clermont vers l'an 539, théologien et écrivain, a dans son histoire des Francs, décrit le siège d'un promontoire "Castrum Miroliacum" qui a pu être identifié comme étant celui de Chastel grâce à la description d'un lac avec, paraît-il, une eau très bonne à boire. Aujourd'hui, le lac s'est réduit en une simple mare avec un peu d'eau stagnante pendant l'hiver.
A la mort de Clovis, l'Arvernie était une province prospère qui avait conservé ses richesses. Thierry, fils de Clovis, promit à ses soldats de leur livrer l'Arvernie d'où ils pourraient emporter avec eux tout ce qu'ils auraient pris. La conquête se fit sans grande résistance, dévastant tout sur leur passage. Mais arrivant devant Chastel en 532, la prise de ce promontoire naturel s'avéra difficile. C'est paraît-il l'imprudence d'une cinquantaine d'assiégés forts de leurs remparts, qui, un jour, sortirent dans l'espoir de faire quelques butins... ils furent pris et amenés devant les leurs avec le glaive sous la gorge. Chastel abdiqua et il fut convenu que les assiégés donneraient quatre onces d'or pour la rançon des captifs.

le Monastère, l’église

Au IX° siècle, un monastère fut fondé pour accueillir les filles nobles de la région. Il dépendait de l'abbaye de Blesle. Le monastère fut détruit, paraît-il en 1792.
L'église de Chastel est un singulier mélange de style roman et de style gothique. Le porche et le clocher à peigne percé de trois ouïes sont romans. Une des cloches est datée de 1773. Les chapelles sont de style gothique. Ce sont peut-être les mêmes bâtisseurs qui adjoignirent les chapelles à l'église de Vebret, au lendemain de la Commune. Le 21 juin 1871, eut lieu à Chastel, les obsèques de l'Abbé Sabatier, originaire de la paroisse, vicaire de Notre-dame- de- Lorette, à Paris, fusillé à Belleville le 26 mai à l'âge de 51 ans.
La paroisse de Chastel a vu naître au 17° siècle, Louise de Marillac, co-fondatrice avec Saint-Vincent de Paul des filles de la charité. Elle a été béatifiée en 1920 par Benoît XV, canonisée en 1934 par Pie XI et déclarée en 1960 par Jean XXIII, patronne de tous ceux qui s’adonnent aux oeuvres sociales chrétiennes.

Les légendes

- la grotte : dans le rocher, au-dessus de la Salvinie, existe une grotte que nombre de jeunes du pays ont essayé d'explorer plus ou moins profondément, selon le courage. Il existe une "Salle" de 2 mètres, des puits, des passages resserrés, des éboulis et la présence de "gaz” qui auraient éteint la bougie de certains explorateurs.
Cette grotte a suscité de nombreuses légendes l Il y aurait eu un tunnel entre le château et la grotte et un autre entre la grotte et la chapelle du Vignonnet. Rien ne permet de vérifier et même d'imaginer comment ces "tunnels" auraient pu être percés avec les moyens de l'époque.

L'église de Chastel


- les Fées

C'était au temps où le pays était peuplé d'êtres étranges, le peuple des cavernes : des femmes avec un seul oeil sur le front, comme les cyclopes. C'étaient les fées qui vivaient dans la grotte. Elles sortaient au clair de lune et s'aventuraient dans le domaine des hommes. Un jour, l'une d'elle trouva un enfant et le vola. Par représailles, les habitants de Vebret, pendant que les fées étaient je ne sais où, réussirent à capturer un "fadou". La légende dit que les fées criaient du haut des éboulis "Rends-moi mon fadou, je te rendrai ton baptisou". Les choses s'arrangèrent, paraît-il. Je ne pense pas que cette légende du fadou et du baptisou soit exclusive à Vebret. J'ai lu la même version sur des fées dans un lieu bien loin de notre rocher...
La source des fées : elle était, paraît-il au-dessous de Serre, son eau était très bonne et aurait eu des vertus de guérir je ne sais quoi. La source est perdue et c'est bien dommage.

Une autre légende veut qu'il y ait un trésor constitué par une cloche, un ciboire et des pièces en or cachés à Chastel. Mais où ?

Légende ou réalité ? A Milhac, une tranche de roche séparée du rocher laisse une fissure de plus de 100 mètres de long d'une grande profondeur. Jamais le soleil n'atteint le fond de cette crevasse et la neige qui s'y accumule forme une glacière naturelle qui ne disparaît qu'aux très fortes chaleurs de l'été.

Conclusion

On est bien loin d'avoir élucidé tous les "mystères" de ce lieu que certains n'hésitent pas à qualifier de magique. Des fouilles sérieuses dans la région nous en apprendraient un peu plus sur le passé de cette partie d'Auvergne qui avait été fortement colonisée par les Romains.

Bibliographie :

Notes d'histoire locale de Camille VIGOUROUX
Histoire des Francs de Grégoire de Tours aimablement communiqué par M. CHARBONNEL.
Les légendes de Chastel de M. Didier HUGUET
Bulletin du GRHAVS, Mme LAPEYRE d’Antignac.


Jean TOURNADRE.(janvier 1998)