CHEYSSAC

 

 

CHEYSSAC

C'est certainement le village le plus important de la commune, situé sur les bords du ruisseau "le Soulou", peu avant son confluent avec "la Rhue". Sa situation en a fait de tout temps un lieu de passage privilégié. C'est le carrefour entre deux voies de communication : la route de Salers vers Champs, l'Artense et le Puy de Dôme et celle menant de Bort-les-Orgues vers Riom-ès-Montagnes. Cette dernière, dans les temps anciens, suivait la rive gauche du Soulou, passait près du Château de Couzan (un relais de poste existait à "la Ganette") et montait vers Drulh...

Bien plus tard, Cheyssac est devenu un carrefour ferroviaire. Il est traversé par deux voies de chemin de fer, hélas désertées aujourd'hui, mais qui rythmaient autrefois la vie des habitants. Beaucoup se souviennent du temps où les montres n'étaient pas indispensables. A 4H30 du matin, "l’express" Paris-Béziers sonnait le réveil et vers 21 heures, le même express ramenait les Auvergnats à la capitale. Et tout au long de la journée se succédaient trains de voyageurs et de marchandises allant ou venant d'Aurillac et de Neussargues. Peut-être un jour des trains à caractère touristique animeront à nouveau Cheyssac.

 

 

 


Cette activité ferroviaire n'était pas sans quelques servitudes. Il y a à Cheyssac quatre passages à niveaux avec leurs "maisonnettes". Je ne pense pas que dans le Cantal, il y ait un autre village présentant cette caractéristique. Lors de la construction de la voie ferrée Bort-Neussargues, de nombreuses protestations surgirent pour empêcher la traversée du village. La Compagnie Paris-Orléans ayant maintenu son projet, le conseil municipal de l'époque (1893) demanda sans succès, à titre de compensation, l'établissement d'une station à Cheyssac. Nouveau refus du P.O. et Cheyssac a vu passer les trains sans qu'ils s'y arrêtent.

L'importance de la population avait amené en 1894 l'ouverture d'un bureau de tabac qui a dû probablement cesser son activité au moment de la guerre 1939-1945. Les enfants étaient nombreux, une classe installée dans "le château" a fonctionné d'octobre 1929 à juin 1935 et les plus anciens se souviennent de leur institutrice Madame CHIRIER. En 1935, une école fut construite mais le nombre des enfants diminuant, le ramassage scolaire étant établi, l'école ferma ses portes en juin 1988.

HISTORIQUE
A l'extrémité du pays et de la juridiction de la DAILLE, Cheyssac a été le chef-lieu d'un fief important qui appartenait dans l'origine à la maison de Bort de Pierrefitte qui en céda une partie en 1501 à Antoine d'Anteroche, Seigneur de Couzans. L'autre partie advint par mariage à Guillaume FAY, bourgeois de Bort, au début du seizième siècle. Un Jean FAY, fils de Guillaume, fut seigneur de Cheyssac. En 1562, Jean FAY s'illustra en commandant un détachement chargé de surveiller la frontière du Quercy contre l'entreprise de religionnaires vers la Haute-Auvergne.

Par succession, cette terre passe aux Murat-Rochemaure puis par suite de vente en 1670, au fils d'un tabellion de Bort Antoine Chasteau ; l'une de ses descendantes Marie-Pierre de Sartiges se maria avec Jean-Jérôme de RIBIER. De cette union naquit trois filles. Pour conserver le nom, on maria l’aînée à Guillaume de Ribier de Layre, poète et érudit de marque qui devint l'historien du Velay et mourut à Cheyssac en 1840. De cette nouvelle union trois filles encore !

Nouveau mariage en 1822 avec un cousin Louis-Alexis de Ribier du Chambon, cette fois douze enfants naquirent dont deux garçons. Une génération passe puis encore des filles.
Cette branche était marquée par le destin pour disparaître.

Philippe OLIVIER a retrouvé une copie du terrier (ancien Cadastre) de la Seigneurie de Cheyssac pour 1584. Elle nous indique 40 reconnaissances féodales par des Rogier, des Vayssier, des Chalvinhac, des Delpeutz, etc... mais ce chiffre est certainement inférieur au nombre de foyers de l'époque car certains tenanciers habitaient en dehors de Cheyssac.

LE CHATEAU DE CHEYSSAC

Concernant la date de la construction de ce qu'on appelle "le château", j'ai trouvé deux versions, l'une dit qu'en 1525, le château appartenait à Jean FAY (déjà cité), l'autre situe la construction dans le dernier tiers du dix-huitième siècle par Jean-Jérôme de Ribier, 

Cette dernière version semble la plus plausible compte tenu du type de construction qui rappelle plus un ermitage qu'un château, lesquels au 16° siècle, étaient généralement construits sur un promontoire au lieu d'être enfermé et sans aucune vue, comme c'est le cas.

 

 Cette demeure longtemps propriété des DE RIBIER est maintenant en possession de la famille CHIRIER, descendante de Pierre CHIRIER marchand drapier à CHEYSSAC qui acheta cette propriété à la fin du siècle dernier.

VESTIGES GALLO-ROMAINS

Une légende rapporte qu'un souterrain contenant un jeu de quilles en or traverse le village. Pour l’heure, les quilles n'ont pas été retrouvées et on n’est pas sûr que le souterrain existe... tant pis pour la légende !

De tout temps, les habitants de Cheyssac, au cours des travaux de terrassement découvraient de-ci de-là des tessons de poterie, sans y porter une grande attention. Ce n'est que dans les années 1970 que le conducteur de la pelleteuse qui ouvrait une tranchée pour l'installation de l'eau signala la présence d'un mur dans le sous-sol.

Le groupe de Recherches Historiques e! Archéologiques de la Vallée de la Sumène entreprit des fouilles sérieuses, mais hélas incomplètes, les chemins, les voies ferrées, les constructions modernes constituant autant d'obstacles pour aller de l'avant.

Il a été découvert des canalisations. L'une dont la forme courbe a permis de supposer qu'il s'agit d'un collecteur des eaux pluviales, peut-être autour d'un bâtiment. Cette canalisation est reliée à d'autres canalisations rectilignes. Les murs de ces canalisations sont faits de blocs de gneiss, de fragments de tuiles à rebord liés avec un mortier blanc (chaux et sable de rivière), Les parois intérieures sont revêtues d'un enduit rosâtre contenant de la brique pilée. La datation de ces canalisations a été difficile, mais le matériel qu'elles contenaient semble appartenir au II° siècle ce qui pourrait indiquer que leur construction soit antérieure.

Il a été trouvé : - des tuiles à rebord (tégulae)
- des tuiles arrondies (imbrices)
- des fragments de briques de pilier
mais également : - des tessons de cruche beige
- 5 fragments de laraire
- un tesson de Sigillée
Ces découvertes révèlent l’existence à Cheyssac d'une occupation gallo-romaine aux environs du II° siècle. Il est même permis de penser qu'il s'agit d'une villa.

Notes :
laraire : Sorte de tabernacle dans lequel était placée une statue, il constituait le décor religieux de la maison. Les fragments trouvés sont en terre cuite blanche très dure comprenant deux fragments de toiture à fronton triangulaire bordé de palmettes sommé d'un bouton, 3 fragments de pilier lisse avec un chapiteau à décor de palmettes, an dos des bourrelets de pâte à section triangulaire servant à renforcer l'objet.
Sigillée : Céramique faite d'argile fine de teinte rouge brique, couverte d'un vernis brillant. Elle est très résistante, on la retrouve intacte après 2000 ans d'enfouissement. Ici, il s'agit d'un fragment de sigillée fabriqué à Lezoux au II° siècle appartenant à une sorte de saladier avec bande décorée sur la panse.



BIBLIOGRAPHIE
Bulletin du GRHA de la vallée de la Sumène - 1974
L'Auvergne littéraire( aimablement prêtée par Monsieur JOURNIAC)
Dictionnaire du Cantal de DERIBIER
Recherches de Philippe Olivier.


 

Jean TOURNADRE (AOÛT 1995)