COUCHAL

 
 


COUCHAL

L'étymologie du nom de Couchal reste obscure. On trouve dans les écrits anciens les appellations :CosschalCoscialCouschialCouschal, "Villa Coschialis”. Jean-Claude RIVIÈRE qui a effectué des recherches sur la provenance des noms de lieux de la commune pense qu'il s'agit vraisemblablement d'un nom ou d’un surnom gallo-romain, mais il est malheureusement le seul dans les toponymes français.

L'appellation "Couchal" serait donc unique ? Alors pourquoi ne pas continuer à se faire plaisir et croire, comme l'affirmait notre centenaire M. PRANGERE, qu'il s’agit d'une contraction de "Coin chaud" due à son emplacement ensoleillé. C'est peut-être faux mais tellement beau !

Les archives concernant Couchal ne nous fournissent pas beaucoup de renseignements. Ce village a probablement la même ancienneté que le chef-lieu. De RIBIER, dans son dictionnaire du Cantal, dit "Il en est fait mention dans la Charte attribuée à Clovis : A Couchal, il y a une métairie occupée par le serf ODON, il donne une vache grasse et une mesure d'avoine. Il a existé une famille de Couchal : un Géraud Laroche de Couchal fut pris pour arbitre, en 1280 par Robert de Couzans, et on trouve cité un Améry de Couchal dans des titres de 1590".
En 1440, il est fait mention d'une papeterie installée à Couchal par les commandeurs de Courtilles, elle fonctionnait encore parait-il au XVI° siècle. Au siècle dernier, il existait, dans l'emplacement des jardins au bord de la Sumène, une teinturerie qui a brûlé un jour de fête. On peut encore trouver des restes de fondations.

Philippe OLIVIER m'a fait part de ses recherches : Aux XV° et XVI° siècles, le village dépend de la seigneurie d’Auteroches et Couzans. Les Comtours de Saignes n'ont semble-t-il rien à Couchal alors qu'ils ont des terres à la Barrerie, à Prunet... Le seigneur de Cheyssac n'avait rien non plus à Couchal, mais il a des terres à Montpigot. Le seigneur de la Daille n'avait rien à Couchal.
Les seuls renseignements sur les habitants de Couchal se trouvent dans les terriers (registre des biens seigneuriaux) et les livres de recettes d'Auteroches et Couzans. Y sont cités ceux qui payent l'impôt au seigneur.
En 1475, on trouve une famille de Rivo et un Pierre de Rivo qui est prêtre. Dans le rôle d'imposition de 1739, il existe 18 foyers fiscaux dont un Jean Tournadre, je ne sais pas si c'est un de mes ancêtres qui est imposé pour deux sous. A la même époque, il y avait 11 foyers fiscaux à Montpigot (je tiens à la disposition de ceux qui seraient intéressés la liste des noms des habitants de cette époque).

Le village de Couchal est l'un de ceux qui a le plus changé. Si vous comparez le plan de 1827 et l'actuel, vous constaterez :
- que la voie communale qui va du pont à la route de Bort n’existait pas.
- que la route départementale 15 allait vers Vebret en traversant le pont mais ne continuait pas vers Antignac.

A l'époque, la route importante était : le chemin des Marlacs, sa continuation par le chemin qui va à la croix du Béal avec un embranchement allant vers Antignac et un autre vers Drulh et Couzan (chemin aujourd'hui entièrement disparu). L'hôtel du Pont n'existait pas. La boulangerie non plus, etc... Je n'ai pu retrouver dans les archives à quelle époque la route qui traverse Couchal pour rejoindre la route de Bort a été ouverte. En 1933, cette route s'est avérée trop étroite. Son élargissement a amené la démolition du four communal.

LE FOUR DE COUCHAL

Chaque village important possédait un four collectif. Beaucoup existent encore dans un état de conservation plus ou moins bon. Ces fours étaient absolument indispensables au moins jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. Au siècle dernier, on parlait de pain noir ou pain de seigle et de pain blanc, pain de froment, ce dernier étant considéré comme pain de luxe (notez qu'aujourd'hui, la tendance s'est presque inversée). La plupart des ménages faisait leur pain de seigle et le portait au four communal, le jour où il était chauffé.
Ces fours collectifs étaient construits sur le "couderc" à proximité si possible d’un point d'eau, ne serait-ce que pour mouiller le chiffon, qui attaché à l'extrémité d’une grande perche servait à nettoyer les braises sur la sole du four après la chauffe.

On peut voir l'emplacement de celui de Couchal sur le plan de 1827.
C'était, d'après les anciens et sans chauvinisme, un des plus beaux de la région. Son fournil de forme rectangulaire, devant la bouche du four, était ceinturé à l’intérieur par une sorte de banc très large constitué par de grosses pierres plates destinées à recevoir les "paillas" que chacun apportait remplis de la pâte en train de lever, un signe distinctif permettait à chacun de reconnaître son bien après cuisson.
Ce four proprement dit était classique avec sa voûte en pierre recouverte d’une épaisse couche d'argile, le tout recouvert de lauzes.
C’est donc en 1933 que ce four a été démoli, les magnifiques arbres qui l’entouraient abattus et vendus. Du fait de l'élargissement de la route, l'abreuvoir et le lavoir du village étaient devenu inutilisables. En 1934, la municipalité a voté les fonds nécessaires pour leur reconstruction.

LES RIVALITÉS ENTRE VEBRET ET COUCHAL

Je pense que chaque fois qu'il existe, comme c'est le cas ici, deux agglomérations d'importance à peu près égale, séparées par une rivière, et que l'une d'elle a prépondérance sur l'autre, les conflits grands ou petits sont inévitables.
J'ai relevé le texte suivant d'un historien régional :
Pourquoi le choix de VEBRET comme chef-lieu, alors que COUCHAL si proche aurait dû l'emporter ? Pourquoi pas une autre paroisse dans la vallée du Soulou si parcourue au Moyen Age et qui comportait de gros villages et le château de Couzans? Comment expliquer encore l'implantation de l'église qui devait baigner naguère dans les marécages ?"
C'est évidemment et logiquement que l’emplacement de l’église a déterminé la paroisse et plus tard la commune. Pourquoi l'église en cet endroit ? Probablement la convergence d'ondes telluriques et de courants souterrains, ce qui serait confirmé par les travaux entrepris pour rechercher les raisons de l'emplacement de certaines églises Majeures telle Orcival (une émission FR3 Auvergne a eu lieu sur ce sujet).

QUELQUES ANECDOTES
Pour sourire un peu...
Souvenez-vous du transfert du cimetière (bulletin n°2), les habitants de VEBRET étaient conscients de la nécessité du déplacement indispensable du cimetière... de là à le mettre à Couchal, le pas était dur à franchir, d’où pétitions, petit référendum, etc...

Souvenez-vous l'édification du Monument aux Morts, les discussions ont été plus que vives au sein du Conseil municipal. Ce qui était en cause n'était ni le prix, ni la forme mais l'emplacement proposé qui avait aux yeux de certains deux défauts majeurs impardonnables : proximité de l'église et rapprochement de Couchal. Le projet ayant été adopté amène immédiatement la démission d'un conseiller municipal (futur Maire).

La croix en pierre sur la "place" de Couchal était avant 1890 devant l'église à l'emplacement de la croix bretonne actuelle, elle fut transférée une première fois derrière l'Église, puis en 1925, l'abbé Sanson, curé de l'époque, la fit transporter à Couchal sans demander à qui que ce soit au grand dam des Vebrétois et les âmes les plus pratiquantes du bourg ne furent pas les dernières à crier au scandale.

Pendant la guerre, il y avait dans la commune un couple d'instituteurs M. et Mme RAYMOND dont beaucoup se souviennent. En mai 1942, Mme RAYMOND obtint un congé temporaire. L'inspecteur n'envoie pas de remplaçante et autorise M. RAYMOND à réunir filles et garçons. Il le fit à Couchal. Le 31 mai 1942, le conseil municipal se saisit de cette question. Voici le texte intégral de la résolution adoptée : "Le conseil municipal proteste énergiquement. Cette façon d'agir réveillant de vieilles querelles sur cette question (probablement la mixité ) et demande à M. le Préfet du Cantal qu'il veuille bien intervenir auprès de M. l'inspecteur d'académie pour qu'une suppléante soit nommée à l'école de filles de Couchal ou que l'école se fasse au chef-lieu de la commune”.

Autrement dit : si on ne peut couper à ce dangereux voisinage filles et garçons, au moins qu'il ait lieu dans le bourg !
Ce sont là de petites histoires de la vie locale et il vaut mieux en rire. Il faut dire qu'actuellement cette rivalité s’est beaucoup atténuée... quoique de temps en temps, certains fassent remarquer que Couchal reste le faubourg.

Jean TOURNADRE (Janvier 1995)