SUMENAT

 


SUMENAT

Situé à l'ouest de la commune, c'est le village le plus près du chef-lieu du canton de Saignes, ce qui a fait dire à certains de ses habitants : "Nous sommes plus près de Saignes que de Vebret, pourquoi ne pas nous y rattacher", Ils auraient tort... voir impôts locaux.

En ce qui concerne l'origine du nom, il existe deux versions. J.C. RIVIÈRE, dans son étude des noms des lieux de la commune, penche pour la désignation d'un lieu ensemencé, dérivé de la forme auvergnate "Chamenad" ou "Samenad" ou encore "Semenat", On trouve dans les archives les dénominations suivantes : "Mansus de Sumenat" terrier de Saignes), Sumenac aux 17ème et 18ème siècles, il y a même un "Lumenat",
Certains font plutôt un rapprochement avec le nom de la Sumène. C'est le cas de Camille Vigouroux, qui, dans ses notes d'histoires locales dit : Sumenat est un nom celtique romanisé qui signifie la Rivière.

Au temps de l'occupation romaine, la population de la région de Saignes aurait été très importante. Il y aurait eu paraît-il une "ville" dont nous ne savons presque rien, qui se serait étendue de Layre à Sumenat. Comment a-t-elle disparue? Peut-être tout cet ensemble a-t-il été anéanti par les barbares de Thierry après le siège de Chastel-Marlhac. Ils détruisirent, paraît-il, jusqu'aux pavés des routes.
Dans le dictionnaire statistique et historique du Cantal, DERIBIER dit : "Sumenat, village situé sur les bords de la Sumène. On rencontre près de ce village de nombreux débris d'antiquités gallo-romaines qui occupent la plaine de Champs et qui s'étend jusqu'à Layre. Partout en creusant le sol à une petite profondeur, on y met à découvert des briques, des poteries, des fûts de colonnes, des murailles peintes en fresques, des pavés en mosaïque. Dans une fouille qui y fut faite en 1836, on y trouva, en outre, de nombreux anneaux en bronze et en fer".
Il y aurait bien eu une activité et des constructions importantes dans ce secteur ! Dans un bulletin du GRHAVS, Mme Odette LAPEYRE décrit l'antifexe (ornement de toiture souvent en terre cuite) trouvé par M. BESSE, près de sa maison.

"Il s'agit d'une tête d'homme imberbe, en terre cuite, de couleur brique. La partie gauche de la coiffure manque, le milieu de celle-ci est indiqué par un triangle d'où partent deux crosses en relief semblant indiquer la chevelure. Les oreilles sont formées d'une spirale se prolongeant en une ligne horizontale suggérant une frange délimitant, ainsi, un front bas. Les yeux globuleux sont surmontés d'arcades en relief se rejoignant pour former un nez épaté. La bouche fermée et bordée par les lèvres bien parallèles indiquées par un bourrelet, le menton est large et court. De la base du nez à la commissure des lèvres, deux profondes rides donnent une expression de tristesse et de mépris. L’ensemble mesure 11,05 cm de haut et 13 cm de large."

Mme BERNARD m'a signalé qu'il existait des traces de bains romains, près de la Sumène, au "prat bagneux" ou "Prat bagneyres" un ciment qui entourait une croix, aujourd'hui disparue, serait lui aussi de cette époque.
Comme tous les villages, Sumenat possédait un four communal disparu il y a quelques décennies.

Ce village situé sur un petit plateau qui domine la Sumène de quelques mètres était autrefois un important lieu de culture (céréales, pommes de terre, chanvre, jardin etc...). Le chanvre était traité sur place, une mare tapissée de glaise servait au rouissage à l’eau. Le broyage et le teillage se faisaient manuellement.

Il y a quelques siècles, le ruisseau prenant sa source dans les éboulis de Chastel et qui passe à Sumenat avant de se jeter dans la Sumène, était un ruisseau important qui était utilisé pour l'irrigation des jardins et des “héritages”. Ce ruisseau s'appelle le Leyricaux.
D'après les géologues, ce ruisseau coule dans un vallon creusé par l'une des branches du glacier du Violon (2ème glaciation du Cantal, il y a environ 30 000 ans). Les alluvions épandues forment la petite terrasse fertile de Sumenat. A l'époque des Templiers, Pierre de MADIC, commandeur d’Ydes avait dans sa juridiction Sumenat en même temps que Courtilles.

Philippe OLIVIER a fait de nombreuses recherches concernant les noms des habitants des villages de la commune. Dans le livre des recettes et le terrier (ancêtre du cadastre) de la Seigneurie d'Anteroches et de Couzans. Sumenat est souvent cité.
Dans les années 1454-1470, le village ne devait pas être très peuplé car il n'y a que deux foyers qui payent des recettes au Seigneur. Il s'agit d'un Pierre Julien et des deux frères Anthoni et Bertrandi Rondier. Dans le même terrier, il est question d'un chemin allant de Sumenat à Flalutos ou Félitos (peut-être un village disparu).

A partir du XVIIème siècle, on trouve les registres d'état civil. De 1618 à 1621, on enregistre 11 baptêmes. En ce qui concerne les mariages de 1670 à 1699, on en dénombre 14. Plus près de nous, de 1700 à 1749... on trouve parmi les mariés 2 Breton, 1 Brun, 3 Brunet, 3 Chavaniac, 1 Dubois, 3 Gibert, 8 Rondier et 4 Sartiges (ou de Sartiges) originaires de Sumenat.
Il faut vraiment que la population de Sumenat augmente considérablement pour que les maires qui se succéderont dans les 50 ans à venir enregistrent 23 mariages d'originaires de ce village !

C'est tout ce que j'ai ai pu trouver sur Sumenat, des renseignements complémentaires seraient les bienvenus. Merci d'avance.

Jean TOURNADRE (janvier 1996)