TRANSFERT DU CIMETIÈRE

 

N°36  - Juillet 2013. 

Historique sur la notion de cimetière :

 

Le culte des morts est considéré comme caractéristique de l'espèce humaine, Le cimetière espace funéraire à sépultures monumentales environnant un lieu de culte tel que nous le connaissons apparaît au moyen âge. Il se distinguait du champ funéraire préhistorique sans monument et de la nécropole antique avec ou sans monument mais nettement séparé du lieu de culte (catacombes hypogées, voir l’art étrusque), et dont l’éloignement à l’époque était déjà requis pour des raisons hygiéniques.
Avec le développement du christianisme les cimetières sont gérés par les paroisses et s’implantent autour du lieu de culte dans un enclos ou aître qui devient « terre sainte », avec passage du cercueil par une petite porte réservée à cet effet dite « porte des morts » ; notre église en est dotée. De fait, les personnes excommuniées comme sorciers, bannis, comédiens ou suicidés, selon les époques et coutumes seront inhumés sans autre cérémonie à l’extérieur de la ville, dans une fosse commune….Petit à petit à cause du développement urbain et du manque de place, les cimetières sont dotés de charniers qui rassemblent les ossements déterrés pour permettre de nouvelles inhumations. 
Tout au long de l’époque moderne, le cimetière est part important de la vie urbaine, il est intégré dans l’environnement quotidien ; on le traverse pour aller au marché, on s’en sert de parc, on l’agrémente de fontaine. Le plus bel exemple est probablement la fontaine du square des Innocents à Paris en plein milieu du quartier des halles. Elle a été réalisée en 1549 sous le règne du roi Henri II, située au centre de l'ancien cimetière des Innocents. Elle est l'œuvre de l'architecte Pierre Lescot, sa décoration et ses sculptures sont de Jean Goujon et est destinée à l'origine à célébrer l'entrée du roi dans Paris. Qui de nos jours des millions de voyageurs sortant du RER aux Halles et traversant ce square, s’abreuvant à cette fontaine sait qu’il foule un charnier de la nuit des temps embelli par les mêmes architectes et sculpteurs géniaux créateurs de la cour carrée du Louvre et du style de la Renaissance Française. 
Cependant, très tôt en milieu urbain devant les épidémies de choléra et autres pestilences, les nouvelles découvertes scientifiques et les mesures d’hygiène demandent la fermeture de ces enclos funéraires. Avec la progression des idées libérales, comme le droit des non-baptisés à être enterrés dans un cimetière public, à l’époque des Lumières au XVIIIème siècle et les avancées en médecine, l’ordonnance royale du 10 mars 1776 interdit d’inhumer dans les églises et exige que les agrandissements de cimetières soient fait à l’extérieur du périmètre urbain dans des enclos entourés de murs avec interdiction de creuser des puits dans leurs proches environnements.
Ainsi petit à petit, de lieu de vie placé au centre de la communauté des vivants, le cimetière devient un lieu de prière et de visite aux morts ; jusqu’à ce jour !
Tout au long du XIXème siècle l’apparition de nombreuses règles permettent d’instaurer une gestion rigoureuse des cimetières partagés entre la paroisse et les communes. La loi de séparation entre les Églises et l’État en 1905 retire définitivement la gestion des cimetières à l'Église au profit des municipalités.
A la fin du XIXème siècle, la France accomplit enfin sa révolution industrielle et se modernise rapidement, réseaux routier et ferré chez nous par exemple, mais elle reste très rurale avec une population importante dans les campagnes même les plus reculées. Si l’aîné très souvent hérite de la terre, le cadet de famille part à la conquête de sa vie mais n’abandonne pas sa commune pour autant : une fois fortune faite, il y revient pour y finir ses vieux jours et reposer en paix dans un nouveau caveau construit à l’image de son succès.

 

 

 

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Philippe THALAMY (Juin 2013)

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